Le bassin versant de la rivière Upper Pitt, une vallée creusée par les glaciers au nord-est de Vancouver, abrite toutes les cinq espèces de saumon du Pacifique – un poisson très important pour la culture et la prospérité de la Première Nation Katzie, qui considère qu’il fait littéralement partie de la famille.

Alors que ces efforts de restauration d’habitat menés par des Autochtones et soutenus par le WWF-Canada dans le territoire Katzie non cédé arrivent à la moitié de leur feuille de route sur 10 ans, nous nous attaquons aux menaces du passé et du présent pour assurer un avenir à ces espèces clés qui soutiennent la communauté, les espèces et fertilisent même la forêt elle-même.

Un projet de restauration du ruisseau Blue, une frayère du saumon quinnat qui était bloquée par un glissement de terrain après l’écroulement d’un ponceau de chemin forestier, a commencé en 2019 sous la forme d’un partenariat entre la Lower Fraser Fisheries Alliance, Pêches et Océans Canada (MPO) et d’autres entités. Mais l’ambition pour cette région a rapidement augmenté quand le défi du déclin vertigineux des populations de saumons du Pacifique est devenu apparent.

L’été 2022 a vu l’achèvement du chenal Sθqəy, long de 700 mètres, ce qui double l’habitat disponible en ajoutant 8270 mètres carrés bordés par 290 nouveaux feuillus indigènes et 3600 arbustes pour en stabiliser les berges et réduire la hausse de la température de l’eau. Durant le mois de septembre, environ 1700 saumons rouges ont été aperçus dans cette nouvelle frayère. (Un suivi continu d’utilisation annuelle déterminera si le chenal soutient un nombre accru de saumons.)

Après plusieurs années de relevés environnementaux, le printemps 2023 a vu les travaux débuter au marais Red. Cette étendue d’eau intertidale avait été coupée de la rivière Pitt par les routes forestières dans les années 1930, en réduisant le courant au point que le fer qui donne au marais son nom coloré a aussi désoxygéné l’eau, tuant les saumons qui s’y aventuraient.

La reconnexion du bas du marais Red a impliqué la création d’une série de bassins de captation des sédiments et l’installation d’un nouveau tuyau d’entrée d’eau pour réintroduire le courant d’eau douce historique. Bientôt, l’eau s’écoulera vers l’aval, même à marée haute, gardant le taux d’oxygène dissous dans l’eau suffisamment haut pour que le cours d’eau agisse comme un habitat.

Le travail continue aussi à bonne allure au canal Boise, un projet en cours retardé pour protéger une tanière de louveteaux. Avec un intrant à débit contrôlable puisant du ruisseau Boise à proximité, le nouveau canal au fond de gravier devrait se remplir de saumons frayant avant la fin de l’été.

Ce travail est rendu possible par les contributions de la H. John McDonald Foundation, l’Indigenous Watersheds Initiative (réalisé par MakeWay et Watersheds BC, avec l’appui financier de la province de la Colombie-Britannique), Real Estate Foundation of BC (REFBC), la Ronald S. Roadburg Foundation, la W.C. Kitchen Foundation et un.e donateur.rice anonyme.

Quand le saumon quinnat parvient à l’estuaire K’ómoks près de Courtenay, en Colombie-Britannique, et remonte la rivière Courtenay et le cours supérieur de la Puntledge pour frayer, ils reçoivent l’aide d’une convergence de facteurs : l’eau fraiche riche en oxygène qui leur permet de conserver leur énergie, des habitats aquatiques en santé avec beaucoup d’insectes et de crustacés à manger, et des coins abrités qui protègent leurs œufs.

En fait, c’est ainsi que c’est censé fonctionner. Toutefois, un moulin à scie a été en activité durant 50 ans à la rencontre de la rivière et de la mer. Ses dalles de béton ont écrasé la végétation indigène et ses murs de métal ondulé ont rétréci la route migratoire. Le moulin a fermé en 2006, mais l’habitat environnant est demeuré dégradé, compromettant les conditions interreliées dont le quinnat dépend. Il est donc normal que dans ces circonstances, la restauration de l’habitat du saumon quinnat soit aussi un effort d’équipe. Une coalition d’acteur.rice.s locaux.ales travaille à restaurer le site, maintenant connu sous le nom de Kus-kus-sum, par la déminéralisation et la requalification de la propriété, et la plantation de plantes et d’arbres indigènes. Non seulement cela améliore les habitats, mais cela emmagasine aussi davantage de carbone en plus d’offrir une protection contre les inondations.

C’est un effort conjoint de la Comox Valley Project Watershed Society, de la ville de Courtenay et de la Première Nation K’ómoks, dont le territoire traditionnel comprend le terrain de Kus-kus-sum. Et ce n’est qu’un des six projets soutenus par notre Programme de subvention nature et climat (PSNC).

Avec le PSNC, nous finançons des efforts locaux et menés par les Autochtones visant à améliorer les habitats, séquestrer du carbone et bonifier la résilience climatique. Depuis 2021, les participant.e.s au PSNC ont restauré à travers le pays plus de 465 hectares d’habitats, dont bénéficient 57 populations locales d’espèces en péril.

Le Programme de subvention nature et climat est présenté en partenariat avec Aviva Canada.

Le couloir Québec-Windsor est la région la plus densément peuplée au pays – et l’un des territoires les plus dégradés et fragmentés en raison des activités humaines comme l’agriculture et le développement urbain. C’est aussi une région prioritaire où le WWF-Canada et un réseau de collaborateur.rice.s restaurent des espaces verts et améliorent leur connectivité.

Sur la Rive-Sud de Montréal, nous travaillons avec les villes de Brossard et de Saint-Constant à la restauration de 42 hectares de terrains municipaux à l’aide de plantes indigènes, en faisant progresser la mise en œuvre de pratiques de gestion respectueuses de la nature. Nous avons vu des effets positifs sur la biodiversité locale – notre année pilote a rendu compte du double de la biodiversité des espèces d’insectes dans des habitats que nous avons restaurés, avec 101 espèces distinctes en moyenne en comparaison de 60 dans les habitats « non restaurés ». Et nous avons commencé à développer des collaborations potentielles avec des municipalités et des offices de protection de la nature en Ontario pour étendre le projet pilote du Québec.

Nous avons aussi lancé une collaboration de restauration de la biodiversité et de la résilience climatique des érablières avec des forestier.ère.s, des spécialistes de la conservation et des propriétaires d’érablières au Québec, notamment avec des formations, le suivi du carbone et le développement de partenariats – afin d’améliorer la gestion des érablières.

Ce travail a été rendu possible en Ontario grâce à la Fondation Écho.

Depuis que près de 200 000 hectares du territoire Secwépemc, près de Kamloops, en Colombie-Britannique, ont brulé en trois mois durant le feu Elephant Hill en 2017, suivi des feux Flat Lake et Sparks Lake en 2021, le WWF-Canada appuie la Secwepemcúl’ecw Restoration and Stewardship Society (SRSS) dans un partenariat pluriannuel de reforestation.

L’an dernier, le WWF-Canada a aidé la SRSS à planter 450 000 arbres et à restaurer 250 hectares, et ce n’est qu’un début. La SRSS augmentera ses efforts à un million d’arbres par année d’ici 2026 et jusqu’à 10 millions d’arbres plantés annuellement d’ici 2030. Grâce à l’aide de nos partenaires et de nos donateur.rice.s, le WWF-Canada continuera de soutenir le travail de la SRSS pour la restauration de plus de 1000 hectares de terres et la séquestration de 13 500 tonnes de carbone d’ici 2026.

Après la pire saison des feux de forêt enregistrée, en 2023, la restauration des écosystèmes du pays est plus importante que jamais. Les efforts de la SRSS offrent un mode d’emploi pour bâtir des forêts climatoadaptées en utilisant le savoir autochtone dans la sélection du bon mélange d’espèces d’arbres, tout en protégeant les médicaments traditionnels, les sources alimentaires et les habitats pour les espèces.

Ce travail est soutenu par Lowe’s, Ressources naturelles Canada, la Peter Gilgan Foundation et la Ronald S. Roadburg Foundation.

Le Canada ne devrait pas dire d’une aire qu’elle est « protégée » si on permet aux navires d’y déverser leurs rejets nocifs. C’est ce que 23 000 d’entre vous avez dit au gouvernement fédéral l’an dernier après la publication de notre Évaluation nationale des déversements issus des navires – et le gouvernement vous a écouté.e.s.

En février 2023, une nouvelle norme de protection des AMP a été dévoilée, concrétisant la promesse d’interdire les activités pétrolières et gazières, le chalutage de fond et l’exploitation minière dans toutes les AMP établies après le 25 avril 2019. Cela inclut également une définition détaillée des déversements et des restrictions encore plus serrées du rejet d’eaux grises, d’eaux de lavage, d’eaux usées, de déchets alimentaires et d’eaux de cale mélangées à des hydrocarbures dans les aires marines protégées nouvelles et existantes. C’est un pas important afin de garantir que les aires protégées le soient réellement et c’est une conséquence directe de votre prise de parole.

Les restrictions proposées sur les rejets issus des navires dans les AMP seront obligatoires dans la mer territoriale (jusqu’à 12 milles marins du rivage) et des restrictions volontaires dans la zone économique exclusive du Canada, qui s’étend de 12 à 200 milles marins, selon ce qui correspond à l’autorité canadienne en matière de règlementation maritime internationale. Le WWF-Canada continuera de travailler avec le gouvernement et l’industrie pour assurer que toutes les aires protégées de l’océan aient les mêmes normes rehaussées de protection.

Ce travail a été rendu possible grâce à la Fondation Gordon et Betty Moore à travers son engagement envers le transport maritime durable.

Après plus d’une décennie de leadership de la part des Premières Nations et des gouvernements fédéral et provincial, en plus des commentaires des communautés côtières et des partie prenantes marines comme le WWF-Canada, un plan d’action pour la création d’un réseau d’aires marines protégées dans la zone marine du Grand Ours a été adopté en février 2023. Doubler la couverture des AMP dans cette région de 100 000 km² à 30 % guidera la création de ce qui deviendra le plus grand réseau d’AMP au monde dirigé par des Autochtones et développé de façon collaborative.

Bien que ce soit un grand pas en avant, il reste beaucoup de travail à faire d’ici 2025 pour désigner et établir ces AMP et faire concrétiser le plan. Le WWF-Canada continuera de s’engager dans le processus de mise en œuvre.

On s’attend à ce que les terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) en développement à Kitimat, en Colombie-Britannique, accroissent dramatiquement le trafic maritime; et nos modèles indiquent que les rencontres entre baleines et navires augmenteront de 30 fois en ce qui concerne les navires de plus de 180 mètres de long d’ici 2030.

Selon une étude revue par des pairs publiée dans Endangered Species Research par le WWF-Canada, la North Coast Cetacean Society, l’Université de St. Andrews, Pêches et Océans Canada et d’autres collaborateur.rice.s, cela pourrait entrainer le décès annuel – causé par les collisions – de jusqu’à 18 baleines à bosse (une augmentation de 390 %) et de deux rorquals communs (une augmentation de 230 %). Les projections de l’étude mettent en lumière le besoin crucial de mesures d’atténuation comme la réduction de la vitesse et les restrictions saisonnières afin de réduire les collisions avec les navires et empêcher des pertes insoutenables.

Lorsque la mobilisation et les négociations échouent, il est possible de se tourner vers les différentes cours pour assurer la protection de la nature. Les poursuites représentent des outils efficaces, particulièrement lorsqu’il s’agit d’exploration pétrolière et gazière en mer. L’année dernière, nous avons obtenu une résolution sur une poursuite et continué un appel afin de protéger des aires marines vulnérables.

Sur la côte Ouest, les avocat.e.s d’Ecojustice, agissant pour le compte du WWF-Canada et de la Fondation David Suzuki, ont contesté des permis d’exploration pétrolière et gazière techniquement échus (mais légalement actifs) autour de la réserve nationale de faune en milieu marin des iles Scott et dans la zone de protection marine des récifs d’éponges siliceuses du détroit d’Hécate et du bassin de la Reine Charlotte. Au début de 2023, nous avons abandonné la poursuite contre ExxonMobil et Chevron après leur renonciation aux 20 permis en question.

Sur la côte Est, nous avons encore une fois travaillé avec Ecojustice, ainsi que la Fondation Sierra Club Canada et Ecology Action Centre, pour en appeler devant la cour de la décision de maintenir la règlementation exemptant les futurs projets de forage exploratoire au large de la côte est de Terre-Neuve-et-Labrador d’une évaluation d’impact fédérale nécessaire. Nous croyons que cette décision empêchera l’évaluation adéquate des nombreux risques associés au forage pour les habitats extracôtiers et les espèces qui y vivent. Nous sommes en attente d’une décision au sujet de cet appel.

Ce travail est soutenu par la Fondation Gordon et Betty Moore.

Suivant des années de consultations, de dépôt de documents, d’ébauches et de revues, le Plan d’aménagement du territoire du Nunavut (PATN), qui détermine comment les 3,3 millions de kilomètres carrés de territoire de terre et d’eau peuvent être utilisés, est finalement entré dans sa phase finale. L’objectif du PATN est d’équilibrer les bénéfices potentiels du développement industriel avec les risques que les activités minières, pétrolières, gazières et la navigation pourraient avoir sur les espèces arctiques et les régions sur lesquelles comptent les Inuit pour leur sécurité alimentaire, leur continuité culturelle et leur prospérité économique

Le WWF-Canada est activement engagé dans ce processus depuis plus d’une décennie, offrant des analyses scientifiques et menées par des Inuit en plus d’ensembles de données provenant de recherche appuyée par notre Fonds pour la conservation des espèces de l’Arctique; facilitant l’implication communautaire dans les consultations du PATN lorsque demandé, avec l’assistance technique et le financement pour appuyer et amplifier les préoccupations locales; et déposant nos propres recommandations nourries par les communautés et des commentaires pour leur considération.

En fait, nous avons été la seule ONG environnementale à la table de discussion durant ce long processus de développement mené par le spécialiste principal de l’Arctique, Paul Okalik, qui a aussi aidé à négocier les exigences du PATN dans l’accord du Nunavut de 1999.

Dans cette ébauche finale, toutes les aires de mise bas du caribou demeurent des aires à « utilisation limitée », ce qui interdit l’exploration et le développement. Cela inclut aussi des aires additionnelles de mise bas dans la région de Qikiqtani (grâce à une demande conjointe de la Qikiqtani Inuit Association et du Qikiqtaaluk Wildlife Board soutenue financièrement par le WWF-Canada) et des protections à longueur d’année pour les traverses d’eau douce (le WWF-Canada a aidé les communautés locales à les identifier et cartographier) et des couloirs d’accès clé, ainsi que des restrictions saisonnières sur le déglaçage pour chaque localisation.

Nous avons aussi appuyé des protections à longueur d’année pour les échoueries terrestres de morses et des protections saisonnières plus strictes pour les aires de tanières d’ours polaires, toutes deux cartographiées en partie par des données fournies par le WWF. Et nous avons amplifié dans tout le territoire les préoccupations touchant la protection des lacs, rivières et zones côtières identifiées par les communautés pour garantir de l’eau propre et du poisson en santé, recommandant que ces zones soient exclues du développement industriel. Cela garantit les droits des Inuit, protégés constitutionnellement, quant à la pêche de subsistance et permet aux pêches locales de créer différentes possibilités économiques durables

Ce travail a été rendu possible par la Elpis Foundation, la Fondation Alan et Patricia Koval et la Fondation Gordon et Betty Moore.

Mesurer et faire le suivi des quantités de carbone emmagasinées dans la nature peut être couteux et long, transformant en défi l’évaluation de l’efficacité de nos efforts de conservation dans l’atténuation des dérèglements climatiques. Nous avons besoin d’une approche moins chère, plus rapide et facile à utiliser afin d’obtenir des comparaisons avant-après adéquates des terres et des eaux restaurées et gérées. Entre en scène le Défi techno nature x carbone du WWF-Canada.

Cette année, nous avons remis des contrats de 100 000 $ à trois récipiendaires dont les technologies novatrices aideront à identifier quelles approches de conservation ont les meilleurs résultats et valident le retour sur investissement dans la lutte contre les dérèglements climatiques.

« Les bénévoles et les communautés locales peuvent avoir de la difficulté à amasser des fonds et à faire de la sensibilisation pour leur travail de conservation, dit Sean Rudd, fondateur et p.-d. g. du lauréat Korutu Technology. Notre technologie les aide à raconter leur histoire et à obtenir l’appui dont il.elle.s ont besoin pour leur important travail. »

Innovatree Carbon Group Ltd. a reçu un contrat pour travailler directement avec des groupes autochtones, notamment la Secwepemcúl’ecw Restoration and Stewardship Society (SRSS), alors que le Digital Forest Lab de l’Université Laval travaillera avec des partenaires communautaires au Québec.

« Comprendre les répercussions des récents incendies de forêt sur les écosystèmes forestiers de l’intérieur de la Colombie-Britannique est crucial au succès de la restauration et de la future adaptation écologique aux dérèglements climatiques, dit Angela Kane, p.-d. g. de la SRSS. Notre surveillance du carbone forestier étaye la justification d’une biodiversité accrue de toute la biorégion, en particulier en matière d’arbres et de plantes culturellement importantes. »

Le Défi techno nature x carbone du WWF-Canada est soutenu par notre partenaire fondateur Techno nature RBC et Microsoft, commanditaire technologique national.